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Bérenger Saunière

Clergyman cambrioleur

         L’histoire de l’abbé Bérenger Saunière est fascinante car elle répond aux codes traditionnels de tous les bons contes pour enfant.

         « Il était une fois … une grenouille qui voulait se faire plus grosse qu’un bœuf … ».

         Non je plaisante.

         Malgré tout, un pauvre curé de campagne, desservant une paroisse déshéritée, qui se construit un domaine affichant tous les signes extérieurs de la richesse et qui mène une vie de nabab, il y a de quoi s’interroger.

         D’autant plus que c’est une personnalité piquante. Bel homme dans la force de l’âge, bon orateur, instruit, un brin manipulateur, cachotier, opportuniste, ambitieux, forte tête et j’en oublie !

         Son parcours détonant attira bien des suspicions. Il jeta également la lumière sur un système préexistant.

         Maurice Leblanc était informé de toutes les péripéties vécues par les prêtres du Razès à l’avènement du XX ème siècle. L’affaire était donc connue bien avant les manipulations plantardiennes.

         Pour s’en convaincre, lisez les deux ouvrages de Patrick Ferté : Arsène Lupin, Supérieur inconnu et AL, la symphonie des coïncidences. Il y démontre l’influence des milieux cultivés ésotériques et un brin, spirites.

         Certes, cette époque s’affranchissait des valeurs inculquées auparavant par l’église et la mode prônait la recherche du spirituel par une démarche personnelle guidée par le libre arbitre, mais quand même cette émancipation avait encore quelques scrupules à s’affranchir définitivement de l’atavisme calotin.

         Alors l’assassinat d’un prêtre à la Toussaint 1897 fit grand bruit et pas seulement à l’échelon local (l’express du midi) !

         Un article parut le 17/11/1897 dans le « Petit journal », un quotidien parisien républicain (l’un des quatre plus grands quotidiens français, avec Le Petit Parisien, Le Matin et Le Journal, qui tirait à un million d'exemplaires en 1890), relatait ce drame étonnant à plusieurs titres.

         L’abbé Gélis possédait une nature paranoïaque.

         Il ne recevait que peu de visites et avait installé un système de clochettes au-dessus des portes pour éviter les gêneurs.

         Il était riche malgré un traitement annuel de 900 francs et une de ses notes indiquait qu'une somme de plus de 13 000 francs en or était cachée en divers endroits du presbytère, de l’église et des environs. Il possédait également des placements dans la compagnie des chemins de fer.

         Pourtant les assassins se sont contentés de documents celés dans un sac de voyage et ont abandonné sur place un message : « viva Angelina » sur une feuille de papier à cigarette « Tzar ».

         L’abbé Gélis ne fumait pas. Il avait même en horreur l’odeur du tabac. Et selon certains, une tradition coustaussienne faisait d’Angelina une fée gardienne de trésors à l’instar d’Asmodée !

         L’affaire fut assez vite classée sans suites et pourtant Maurice Leblanc en fait le thème de son premier roman, « Arsène Lupin gentleman cambrioleur » paru sous formes d’épisodes en 1907 dans la revue « Je sais tout » de Pierre Lafitte !

         Dans la sixième nouvelle, Maurice Leblanc annonce : « C’est par hasard que j’ai été mêlé à une de ses plus étranges et de ses plus mystérieuses aventures, … drame obscur et complexe », le sept de cœur.

         « — Étienne Varin.

         — Il a un frère ?

         — Oui, Alfred Varin…

         — Où demeure-t-il ?

         — Les deux frères demeuraient ensemble… rue de Provence, je crois ».

         L’enquête établit que les frères Varin, Suisses d’origine, avaient mené sous des noms différents une vie fort mouvementée, fréquentant les tripots, en relation avec toute une bande d’étrangers, dont la police s’occupait, et qui s’était dispersée après une série de cambriolages auxquels leur participation ne fut établie que par la suite.

         « Nous serons brefs. Il y a dix ans, un jeune ingénieur des mines, Louis Lacombe, désireux de consacrer son temps et sa fortune aux études qu’il poursuivait, donna sa démission, et loua, au numéro 102, boulevard Maillot, un petit hôtel qu’un comte italien avait fait récemment construire et décorer, par l’intermédiaire de deux individus, les frères Varin, de Lausanne, dont l’un l’assistait dans ses expériences comme préparateur, et dont l’autre lui cherchait des commanditaires. Il entra en relation avec M. Georges Andermatt, qui venait de fonder le Comptoir des Métaux (!) ».

         Les plans du sous-marin, le Sept-de-cœur, inventé par Louis Lacombe devinrent la propriété d’une puissance étrangère, et nous sommes en mesure de publier la correspondance échangée à ce propos entre les frères Varin et le représentant de cette puissance, le major Von Lieben. Or il manquait le dernier document apporté par Louis Lacombe à M. Andermatt le soir de sa disparition, document indispensable à la compréhension totale du projet, sorte de résumé où l’on retrouve les conclusions définitives, les évaluations et les mesures contenues dans les autres papiers. Sans ce document, les plans sont imparfaits.

         Quel moyen d’intimidation Salvator, le personnage mystérieux qui conduit cette affaire, possédait-il sur Andermatt ?

         En nous quittant, Louis Lacombe portait une serviette qui contenait tous les papiers relatifs à son projet. … aux mains des deux frères…, dans la serviette, se trouvait autre chose que les papiers de Louis Lacombe.

         « Un jour, il arriva avec une pioche et une pelle, me donna la pelle, garda la pioche et, désignant le terrain vague …. Il divisa le terrain en plusieurs sections qu’il inspecta successivement. Mais, dans un coin, à l’angle que formaient les murs des deux propriétés voisines, un amoncellement de moellons et de cailloux recouverts de ronces et d’herbes attira son attention… lorsque, sous les pierres écartées, nous parvînmes à mettre à nu des ossements, un reste de squelette et une petite plaque de fer, découpée en forme de rectangle ».

         — Est-ce la copie ou l’original ?

         — L’original.

         — Il y avait dans ce coffre, dans le plus grand des deux, une cassette qui contenait tout ce que les frères Varin y avaient enfermé, une assez jolie collection de bijoux, diamants et perles, raccrochés de droite et de gauche par lesdits frères.

Louis Lacombe avait inventé un coffre-fort caché derrière une mosaïque représentant le vieil empereur, la représentation exacte du roi de cœur de tous les jeux de cartes, Charlemagne. L’Empereur armé de son épée, « Joyeuse » sur la garde de laquelle il fallait poser la plaque rectangulaire à l’effigie du sept de cœur et poinçonner la base des sept cœurs pour pouvoir ouvrir le coffre.

         Arrêtons-nous un instant.

         Nous découvrirons plus loin l’abbé Gélis précisément nommé.

         Les faits rapportés par Maurice Leblanc en 1907 : « deux frères, dont l’un s’appelle Alfred, assassinent leur ami pour dérober dans sa serviette des plans permettant de construire un sous-marin sensé révolutionner l’équilibre des forces mondiales. Accompagnent les plans, les lettres prouvant l’affection que porte la femme de l’industriel chargé de la construction, Mr Andermatt, envers l’ingénieur. Ces plans étaient sous la bonne garde de Joyeuse. Les frères maudits étaient en affaire avec toute une bande d’étrangers et c’est sous le nom de Salvator qu’Arsène Lupin intervient pour démasquer les coupables alors qu’il ne reste plus qu’Alfred à punir ».

         Voici éclairci dans ce synoptique la triste histoire du curé de Coustaussa.

         Certains curés du Razès, dont l’abbé Gélis, étaient dépositaires de documents susceptibles de bouleverser l’ordre mondial et qu’ils négociaient auprès de riches collectionneurs étrangers (autrichiens dont Louis Salvator de Habsbourg alias Mr Guillaume, enquête de Michel Azens).

         Une bande des cinq se distingue fin XIX ème. Une photo prise vers 1896, représente cinq prêtres de la région réunis autour d'une table. On y reconnaît, de gauche à droite : l'abbé Bérenger Saunière, curé de Rennes-le-Château, l'abbé Maurice Malot, curé de Grèzes, neveu de Gélis, l'abbé Alfred Saunière, frère de Bérenger, professeur au Petit Séminaire de Narbonne, probablement l'abbé Henri Boudet, curé de Rennes-les-Bains, et l'abbé Antoine Gélis, curé de Coustaussa.

         Alfred Saunière, par un réseau de connaissances narbonnaises, jouait le rôle de second couteau, certainement un peu trop zélé.

Je pense que c’est lui que l’on envoyait en mission, à Paris et ailleurs où il ne se privait pas, à l’occasion, d’une vie dissolue, fréquentant tripots et autres lupanars.

         Est-ce lui qui eut une aventure avec Emma Calvé ? On lui en prêta une avec la Marquise du Bourg de Bozas.

 

         Seulement, les commanditaires ne se contentèrent plus de vulgaires copies. Il fallait produire de l’original, qu’il fallut exhumer de chez Gélis.

 

         Cette nuit de la Toussaint 1897, le curé de Coustaussa ouvrit sa porte à des personnes assurées de sa confiance. Il leurs offrit le verre de l’amitié, fut passé à tabac et les choses dérapèrent …

         Gélis avait une « tête à claques ». Il avait déjà subi une agression en 1881. Il avait reçu un coup de bêche « derrière les étiquettes ». Sa geignardise a stimulé la vigueur de l’interrogatoire qui n’a pu être réalisé que sous le bâillon car les voisins n’ont perçu aucuns cris cette nuit-là. Il suffisait de le contraindre à écrire la réponse attendue.

         Fin de l’enquête.

         Ou pas.

         Une autre piste doit être envisagée. Car un précédent existe, vieux de plus d’un siècle et demi certes. Il s’agit de l’assassinat de l’abbé Bernard Mongé à Niort de Sault dans la nuit du 16 au 17 mai 1732. L'ecclésiastique fut retrouvé par la population, gisant près de l'église de Niort-de-Sault, le crâne défoncé (déjà).

         Le mobile du crime était apparemment un différend entre le prêtre et le bailli du Pays de Sault Jean-François de Montroux (tuteur par ailleurs de MNA), concernant l'agrandissement du presbytère, qu'il comptait réaliser en démolissant une maison adjacente appartenant au curé, que ce dernier ne semblait pas disposé à vendre ! Finalement le local sera acheté par François d’Hautpoul puis rétrocédé à Jean-François de Montroux.

Bizarre, sachant que c’était à son avantage …

         Dans le box des accusés : Jean-François de Montroux, son parent par alliance Magloire Cazemajou et Raymond Alverny.

         Là où l’affaire devint invraisemblable c’est que le procès de Jean-François de Montroux, jugé par contumace, fut transféré à la cour de justice de l’évêque d’Alet-les-bains, Mgr François de Boucaud. Que De Montroux obtint une demande de grâce de la part de l’évêque d’Orléans, sans doute Nicolas-Joseph de Pâris et fut représenté par un bénédictin Dom Joseph Montpied de Nègre. Par ailleurs siégeaient au chapitre de St Paul de Fenouillet, l’abbé Jean-Paul de Nègre de Fondargent, son parent, ex-official et grand vicaire de l’évêché d’Alet ; Et Jean-François de Cazemajou prêtre bénéficier dudit chapitre. (Source Edwige Praca).

         Toute cette histoire nous montre que l’assassinat d‘un prêtre « gênant » pouvait trouver une assistance là où on ne l’attendait pas, de la part de religieux. Et le mobile invoqué est dérisoire. L’abbé Mongé s’était-il mêlé d’affaires qui ne le regardaient pas ?

         Pour en revenir à l’affaire Gélis, même si les frères Saunière n’étaient pas les exécutants, ils offrirent la logistique. Peut-être à des mercenaires Corses (Jacques Rivière, l’affaire Gélis, une vendetta Corse). N’oublions pas que les De Nègre pouvaient avoir des accointances avec la Corse (revoir le chapitre « De Nègre d’après d’Hozier ») mais la branche aînée était éteinte depuis 1770, ainsi que la branche aînée des Hautpoul.

         L’Ordre émana donc de Supérieurs Inconnus …

         Les frères Varin, quant à eux, étaient d’origine Suisse.

         La Suisse dans cette affaire était servie par Antonin Schwab, un négociant en métaux d’origine suisse qui avait pignon sur rue à Toulouse et qui rendait de fréquentes visites à Bérenger Saunière. Marie Dénarnaud l’avait surnommé l’homme en noir.

         Bérenger Saunière (BS) aurait pu s’attribuer la devise d’Arsène Lupin : « Me servir d’eux et agir en dehors d’eux, voilà ce que je voulais et qui n’était point aisé ». Il se désolidarisera de son frère, outré de ses excès car ce dernier tombera le froc, aura une concubine, Marie Emilie Salière, à qui il donnera un enfant prénommé André, dont Bérenger ne voulut pas entendre parler.

         Que nous révèle Maurice Leblanc des agissements de Bérenger dans les autres chapitres ?

         Arsène Lupin (AL) embarque sur le paquebot « La Provence » et dérobe des bijoux qu’il démantèle : « on avait enlevé, non point les pierres les plus grosses, mais les plus fines » et s’arrange pour faire soupçonner Louis Rozaine, anagramme de Saunière. Alors, « Du haut en bas, en tous les coins, la Provence fut fouillée » !

         S’ensuit la nouvelle AL en prison.

         « L’histoire du Malaquis est rude comme son nom, revêche comme sa silhouette. Ce ne fut que combats, sièges, assauts, rapines et massacres. ... On raconte de mystérieuses légendes. On parle du fameux souterrain qui conduisait jadis à l’abbaye de Jumièges et au manoir d’Agnès Sorel, la belle amie de Charles VII. Dans cet ancien repaire de héros et de brigands, habite le baron Nathan Cahorn, le baron Satan, comme on l’appelait jadis à la Bourse où il s’est enrichi un peu trop brusquement.

         — Vous m’avez bien dit, monsieur le baron, que ce puits était l’unique entrée des souterrains, et que, de mémoire d’homme, elle est bouchée ? ».

         Malgré sa mise à l’écart théorique, AL annonce qu’il dévalisera Malaquis dans la nuit du 27 au 28 septembre, fête de St Vincent de Paul qui eut comme disciple Nicolas Pavillon, futur évêque d’Alet et Jean Jacques Olier, fondateur de la Compagnie des prêtres de St Sulpice.

         Puis AL s’évade.

         Où il est décrit le message du balustre : « Le cigare avait molli sous la pression de ses doigts. Il l’examina avec plus d’attention et ne tarda pas à distinguer quelque chose de blanc entre les feuilles de tabac. Et délicatement, à l’aide d’une épingle, il attirait un rouleau de papier très fin ».

         Les voitures pénitentiaires, vulgairement appelées « paniers à salade », sont divisées, dans leur longueur, par un couloir central, sur lequel s’ouvrent dix cases : cinq à droite et cinq à gauche. Chacune de ces cases est disposée de telle façon que l’on doit s’y tenir assis, et que les cinq prisonniers, outre qu’ils ne disposent chacun que d’une place fort étroite, sont séparés les uns des autres par des cloisons parallèles. Un garde municipal, placé à l’extrémité, surveille le couloir. Arsène fut introduit dans la troisième cellule de droite.

         Là, je vous prie de visiter la section « Si Pâris m’était conté », car ce qui est décrit dans ce chapitre est ni plus ni moins que le plan de la marelle de l’eau qui a servi à composer le plafond à caissons de l’oratoire alchimique de l’hôtel Lallemant à Bourges.

         Cinq cellules à gauche en partant de la porte du fourgon numérotées de 1 à 5. Celle où est enfermé AL porte donc le numéro 8, chiffre christique s’il en est.

         L’illustre ogdoade: I = 10, E = 8, S = 200, O = 70, U = 400, S = 200. Iesous = 888.

         Peut-on en déduire une relation transitive : AL est un homme, sa valeur est le 5, il est placé à la place du Christ, le 8, donc Jésus est un homme tout simplement … (le secret ?).

         Continuons.

         Le volet consacré au « Collier de la Reine » :

         « — Et sur quoi donne cette fenêtre ?

         — Sur une courette intérieure.

​         Il n’a eu besoin que d’établir un pont, planche ou échelle, entre le balcon de la cuisine et le rebord de la fenêtre ... une fente existe, le long du carreau, contre le mastic… dans le sens vertical, bien entendu.

​         — Certes. Si le passage est trop étroit pour un homme, il faut bien que ce soit un enfant.

         — Qui êtes-vous donc, monsieur ?

         — Moi ? Mais le chevalier Floriani ».

         Selon les étymologistes, florus est un mot latin ancien ayant deux significations principales : « fleuri » ou « florissant » d'une part, et, plus anciennement, « jaune » ou « blond », dérivé de flōrus et apparenté à flāvus (« jaune », « doré »). Ces nuances sémantiques associent le prénom à la nature, à la lumière et à l'idée d'abondance.

         Dans cette nouvelle, Maurice Leblanc évoque à la fois les « enfants pillards » chers à Henri Boudet et le Marquis Paul Vincent de Fleury, le mari de Gabrielle d’Hautpoul qui lui apporta le Marquisat de Blanchefort. Le Marquis de Fleury-Blanchefort sera en procès avec le sieur Dubosc au sujet de l’exploitation des mines de Roque Nègre, nous y reviendrons à l’occasion du « Formidable événement ».

         Maurice Leblanc savait beaucoup de chose concernant l’histoire locale du Razès de cette époque !

         Dans « la perle noire », il met en scène le domestique de la comtesse d’Andillot qui a pour nom Victor Danegre. Après les de Joyeuse, c’est au tour de l’union de la célèbre famille cathare d’Alion-Aniort avec la famille de Nègre qu’il est fait allusion.

         Enfin Herlock Sholmès arriva trop tard pour intercepter AL au château de Thibermesnil.

         Dans ce chapitre l’abbé du village, Gélis, est dépositaire d’une information que seul deux rois de France, Henri IV et Louis XVI ont détenu, permettant le franchissement du souterrain du lieu. Son tracé est décrit par deux ouvrages : un livre du XVIe siècle, intitulé la Chronique de Thibermesnil, qui était l’histoire du château depuis sa construction par le duc Rollon sur l’emplacement d’une forteresse féodale et une copie détenue par la BN mais qui comportait quelques différences rendant la confrontation des deux exemplaires essentiels pour dénouer l’écheveau.

         Sur le fronton de la bibliothèque du salon on lit, en lettres d’or :

         « Thibermesnil » et au-dessous, la fière devise de la famille : « Fais ce que veux ». En fait une déformation d’une maxime de Saint Augustin : « Aime et fais ce que tu veux », un principe d’éducation qui associe charité et activités.

         « L’abbé Gélis objecta :

         — Monsieur Devanne, nous devons faire état de deux citations.

         — Oh ! s’écria Devanne en riant, monsieur le curé est un fouilleur d’archives, un grand liseur de mémoires,

         — Vous saurez donc qu’il résulte de ses lectures que deux rois de France ont eu le mot de l’énigme.

         — Deux rois de France !

         — Henri IV et Louis XVI.

         « La hache tournoie dans l’air qui frémit, mais l’aile s’ouvre, et l’on va jusqu’à Dieu. »

         Louis XVI a séjourné en 1784 à Thibermesnil, et que la fameuse armoire de fer, trouvée au Louvre sur la dénonciation de Gamain, renfermait un papier avec ces mots écrits par lui : « Thibermesnil : 2-6-12. »

         Le souterrain par lequel Bérenger Saunière partait en quête de ses subsides existe bel et bien. Marie Dénarnaud, la bonne de l’abbé et Josette Barthe la fille d’une filleule de l’abbé, l’ont évoqué malgré elles à maintes reprises. Mais par suite d’infiltrations, il s’était effondré.

         Que dit la nouvelle ?

         « — La chronique contenait trois planches gravées. L’une représentait une vue cavalière du domaine dans son ensemble, la seconde le plan des bâtiments, et la troisième j’appelle votre attention là-dessus,

         — le tracé d’un souterrain dont l’une des issues s’ouvre à l’extérieur de la première ligne des remparts, et dont l’autre aboutit ici, oui, dans la salle même où nous nous tenons. Or ce livre a disparu depuis le mois dernier.

         — Où ? En quel lieu de ce salon ?

         — La ligne qui représente le souterrain sur les cartes aboutit bien d’un côté à un petit cercle accompagné de ces deux majuscules : « T. G. », ce qui signifie sans doute, n’est-ce pas, Tour Guillaume. Mais la tour est ronde, et qui pourrait déterminer à quel endroit du rond s’amorce le tracé du dessin ?

         — À quoi bon ? Songez que cette tour, environnée d’eau, n’est reliée au château que par un point, et qu’il faut, en conséquence, que le souterrain passe sous les anciens fossés. Le plan de la Bibliothèque nationale montre d’ailleurs une suite de quatre escaliers comportant quarante-huit marches, ce qui laisse supposer une profondeur de plus de dix mètres. Et l’échelle, annexée à l’autre plan, fixe la distance à deux cents mètres.

         — Il existe, n’est-ce pas, une chapelle à deux ou trois cents mètres du château ? — Une chapelle en ruines, où se trouve le tombeau du duc Rollon.

         — L’H tournoie, l’R frémit et l’L s’ouvre… Pour mémoire, le Roi écrivit : 2-6-12, c’est-à-dire, H. R. L., la deuxième, la sixième et la douzième lettre du nom.

         Et un jet fin de lumière traversa le salon de part en part, ainsi qu’une flèche qui laisserait derrière elle une traînée étincelante. Il jaillissait de la cannelure centrale d’un pilastre où s’appuie, à droite, le fronton de la bibliothèque. Il s’immobilisa d’abord sur le panneau opposé en un cercle éclatant ».

         Ils descendirent d’abord douze marches, puis douze autres, et encore deux fois douze autres. Puis ils enfilèrent un long corridor dont les parois de briques portaient la marque de restaurations successives et qui suintaient par places. Le sol était humide.

         — Nous passons sous l’étang, remarqua Devanne, nullement rassuré.

         Le couloir aboutit à un escalier de douze marches, suivi de trois autres escaliers de douze marches, qu’ils remontèrent péniblement, et ils débouchèrent dans une petite cavité taillée à même le roc. Le chemin n’allait pas plus loin. … au-dessus d’eux se répétait le même mécanisme qu’à l’entrée. Il n’eut qu’à faire manœuvrer les trois lettres. Un bloc de granit bascula. C’était, de l’autre côté, la pierre tombale du duc Rollon, gravée des douze lettres en relief « Thibermesnil ».

         Et ils se trouvèrent dans la petite chapelle en ruines.

         — C’est inouï, miraculeux, et cependant, d’une simplicité enfantine ! Comment personne n’a-t-il jamais percé ce mystère ?

         — Parce que personne n’a jamais réuni les trois ou quatre éléments nécessaires, c’est-à-dire les deux livres et les citations… »

         Saunière l’a longtemps cherché !

         Entre novembre 1886 et juin 1887, il fit soulever une dalle rectangulaire, à l’emplacement de l’actuelle statue de St Antoine de Padoue, qui s’avéra être gravée, il découvrit en dessous : une chemise de toile noire, des clefs, un livre (le registre paroissial de 1694 à 1726 (?), très abimé qui révèle : « …en l’église, en ce lieu, au tombeau des seigneurs qui est auprès du balustre… »). Le dossier renfermait, entre autres, un long parchemin blanchâtre énumérant une pléthore d’objets précieux (les biens de l’ancien évêque d’Alet, Mgr de la Cropte de Chantérac, sauvés in extrémis de la révolution). La dalle fut remisée au cimetière.

         L’expédition de sauvetage des biens de l’évêque et peut-être d’autres exilés, monta au début de l’été 1792 à RLC. « Plusieurs mulets chargés de petits coffres garnis de « gros boutons noirs » étaient menés par deux neveux de l’évêque ». Ils s’enfermèrent alors dans l’église et le cimetière sous la bénédiction de l’abbé Bigou.

         Dans l’église, ils ménagèrent deux caches. Celle de la statue de St Antoine et celle au pieds de l’autel, contre le mur de la sacristie où fut retrouvé l’oule « aux médailles de Lourdes », découverte en 1887. Peut-être un leurre pour satisfaire et rassasier l’esprit d’investigation de chercheurs trop pressants.

         Que se passa-t-il dans le cimetière ?

         L’explication nous est peut-être fournie par André Douzet qui recueilli l’anecdote suivante :

         « Un fossoyeur serait devenu subitement riche après avoir creusé une tombe à l’emplacement de l’ancien ossuaire : « Pierrot Alquier, ponctuellement employé à creuser les sépultures, se serait approché, par pur hasard, très près de la clé de l’énigme… Dans le cimetière de Rennes-le-Château, en préparant une fosse, il tombe dans un souterrain où « 3 hommes à cheval pouvaient se tenir » … Discret, l’homme n’en dit rien et continue à travailler pendant 3 semaines à l’issue desquelles il démissionne et achète un bar-restaurant avec ce qu’il a trouvé et remonté du souterrain… (il avait, selon ses dires, rempli « ses poches et sa ‘biret’ (son béret) avec ce qu’il avait trouvé en pièces d’or dans le caveau). Ce témoignage est-il crédible ?... Probablement, car en effet, cet homme aux moyens plus que modestes put s’offrir d’un coup un commerce et l’exploiter ».

         Sans doute est-il fait mention, dans ce dossier, du souterrain qui mène à la « cellis » où sont remisées les biens de l’évêque réfugié en Espagne. Peut-être en partant du tombeau des seigneurs car l’abbé va être obsédé par l’idée de visiter les infrastructures de l’église Ste Marie-Madeleine. Pour Michel Azens et Michel Vallet, les auteurs d’une étude du domaine de Castel-Nègre, le dossier mentionnait juste les propriétaires des dépôts. Il manquait encore la mention du lieu précis où se situait la salle voûtée que Saunière appelait « le caveau ».

         Le rapport de Jacques Cholet mentionne (suite aux investigations de 1959) qu’un départ d’escalier descendant vers le cimetière était situé sous celui qui monte à la chaire.

         En septembre 1891, Saunière fit dépaver le sol devant l’ancienne chaire et l’autel dédié à la Vierge Marie. Ils découvrirent une large dalle qui s’avéra être le couvercle d’un sarcophage. Le curé renvoya alors les ouvriers.

         Le dimanche 20 septembre 1891, après l’office, il se fit aider par les enfants de chœur. A l’aide de barres à mine, ils firent pivoter la dalle et découvrirent des marches descendantes. Là encore, le curé renvoya ses assistants.

         Le 21 septembre 1891 il écrit dans son carnet journal : « Lettre de Granès Découverte d’un tombeau le soir pluie ».

         Il fut sans doute déçu dans ses attentes car il orienta ses recherches ensuite vers le flanc Sud de l’église.

         Tout d’abord, il va convaincre la municipalité de lui céder les terrains au Sud de l’église pour y réaliser le jardin du calvaire, véritable reproduction en négatif du plan de l’église si bien mis en lumière par Alain Féral.

         Cette réalisation cache deux intentions : construire l’isoloir accessible seulement par une porte dérobée cachée dans le vestiaire de la sacristie et bâtir un « reposoir » pour les défunts avant leur entrée au cimetière.

         En fait l’isoloir lui permettait de tenter d’accéder à une éventuelle crypte sous le chœur de l’église et en guise de reposoir, la construction bizarrement surélevée lui servira de bureau bibliothèque. Dessous, il fit creuser une citerne dont il interdira l’usage !

 

         Il comptait sans doute sur les travaux de construction pour atteindre le boyau souterrain qui vient du château.

         Car il hanta, à une époque, les alentours de la demeure des Dalbiès pour en déterminer les secrets souterrains. Il s’intéressera également au réservoir de la source à l’entrée du village.

         Avait-il en main le rapport « Marcot » exhumé par André Douzet qui précise les failles du plateau ?

         Toujours est-il que ces réalisations ne le satisfirent pas car il s’attaqua ensuite aux cimetières. L’ancien situé sous le presbytère et celui d’usage.

 

         Mais il abandonna rapidement l’exploration à partir des caves du presbytère et il fit installer une grille fixe qui interdit l’accès direct au calvaire depuis la rue de l’église comme pour montrer que la voie était coupée sous l’allée centrale de l’église (entre les références 11 et 13 du plan).

 

       Il mena dans le cimetière un véritable remue-ménage, au point de déclencher un tollé d’indignation en 1895.

 

         Il s’intéressait particulièrement à la « tombe de l’ancienne Marquise de Blanchefort », au coin du clocher. Il burina les inscriptions de sa stèle puis la remisa. Cet épisode est très bien raconté par Maurice Leblanc :

         « Un jour, il arriva avec une pioche et une pelle, me donna la pelle, garda la pioche et, désignant le terrain vague …. Il divisa le terrain en plusieurs sections qu’il inspecta successivement. Mais, dans un coin, à l’angle que formaient les murs des deux propriétés voisines, un amoncellement de moellons et de cailloux recouverts de ronces et d’herbes attira son attention… lorsque, sous les pierres écartées, nous parvînmes à mettre à nu des ossements… ».

         Il fut contraint d’arrêter.

         L’année 1896 fut une année de ruminations. Et puis « fiat lux », une aide extérieure lui fut sans doute offerte d’après Michel Azens et Michel Vallet par les pères congréganistes de Castel-Nègre (en particulier le R.P. Cerceau qui le remplaçait souvent dans ses offices). Il découvrit enfin l’entrée extérieure du souterrain et s’y engouffra pour le plus grand bonheur de ses projets de restauration de l’église et de la création de son domaine.

         Rappelons les éléments clés de l’énigme.

         « — Vous m’avez bien dit, monsieur le baron, que ce puits était l’unique entrée des souterrains, et que, de mémoire d’homme, elle est bouchée ? ».

         Effectivement la faille humide qui parcourt le plateau depuis la citerne de la source alimente le puits du château actuellement bouché.

 

         « — le tracé d’un souterrain dont l’une des issues s’ouvre à l’extérieur de la première ligne des remparts, et dont l’autre aboutit ici, oui, dans la salle même où nous nous tenons. Or ce livre a disparu depuis le mois dernier.

         — Où ? En quel lieu de ce salon ?

         — La ligne qui représente le souterrain sur les cartes aboutit bien d’un côté à un petit cercle accompagné de ces deux majuscules : « T. G. », ce qui signifie sans doute, n’est-ce pas, Tour Guillaume. ».

         Et puis :

         « — Il existe, n’est-ce pas, une chapelle à deux ou trois cents mètres du château ?

         — Une chapelle en ruines, où se trouve le tombeau du duc Rollon ».

         Donc le souterrain mène du salon du château à une chapelle en ruines. « Capella » en latin.

         En Languedoc, la campagne est couverte de « capitelles » (en languedocien capitèlo), cabanes en pierres sèches, à l’origine petites huttes ou baraques de vigne, très petits bâtiments voûtés et terminés en cône, principalement destinés à mettre à couvert un cuvier en maçonnerie, où l'on égrappait la vendange pour en faire les charges des mulets ou des charriots, devenues ensuite abri de bergers. Et il en faut peu aux bergers pour transformer la capitelle en capella. Planter la lame de son couteau laguiole en terre et prier. Devant la croix ou l’abeille. C’est selon.

         Alors trois hypothèses s’offrent à nous.

         La première : un lieudit sous les murs du belvédère du domaine Saunière porte le nom de « la capelle », sur la faille géologique qui court des bals des couleurs vers Coustaussa.

         Une entrée du souterrain peut se trouver en ce lieudit en faisant se couper deux droites définies par les moulins du plateau et les deux « échauguettes » des tours du belvédère.

         La seconde hypothèse pourrait situer cette entrée dans une cabane ruinée situé dans le vallon entre RLC et Roque Fumade sur l’axe des deux moulins.

         Une anecdote raconte que Saunière repérait l’entrée de son souterrain par la vision de deux amers : les châteaux de Coustaussa et RLC. Ajoutons à cela le fait que chaque cache est signalée par la présence d’une levée de terre pouvant aller du simple monticule à la colline puis la montagne à l’instar de ce qui est montré sur le haut relief qui surplombe le confessionnal de l’église Ste Marie-Madeleine. Notez la situation du sac percé sur le haut relief.

 

         C’est le cas des autres sites, à la fontaine salée et au Cardou.

Founbit, au loin à gauche Coustaussa, à droite RLC

         Enfin, la troisième.

 

         Lorsque les troupes d’Henri de Trastamare ont assailli RLC, elles ont préalablement ruiné un monastère, en venant des Patiassés, situé à Mouscaïrol, dont un souterrain permettait de se sauver vers le château de Coustaussa (et non plus RLC !).

Le point à Mouscaïrol sur le chemin qui descend à l’Escale, au pas du loup

A gauche RLC, à droite Coustaussa

 

         Pour Michel Azens et Michel Vallet, il s’agissait d’un ancien poste de garde, une redoute, une vigie sur la vallée de la Sals, entre RLC et Coustaussa. Les ruines du monastère ont très bien pu servir pour édifier un tel ouvrage, détruit ensuite lors de la croisade Albigeoise tout comme le fortin de Blanchefort.

 

         Pour preuve, des infrastructures ont été levées un jour par le paysan de Jaffus lors du passage de la charrue et Alain Féral l’avait situé sur le schéma ci-dessous :

         Personnellement, je milite pour la capitelle de Roque Fumade.

         Aux croisées de chemin en cas de doute, ce dernier est levé en suivant le choix de Nabuchodonosor. Prendre à main droite.

         Il avait quitté Babylone et arriva à une bifurcation. Il dut choisir quelle ville attaquer en premier. Ses devins et les augures choisirent Jérusalem ; « Les habitants de Jérusalem ne voient que de faux présages à cause des serments qu’on leur a prêtés. Mais le roi de Babylone leur fera payer leur crime et ils tomberont (Ézéchiel 21.23) ».

         [Les témoins du mime ne croient pas Ézéchiel à cause des promesses que Dieu a faites aux ancêtres. L’Éternel dit : « parce que vous avez péché si effrontément dans toutes vos actions, je me suis rappelé de vous. Quant à toi, prince d’Israël infidèle et méchant, l’heure de la fin de tes crimes a sonné. L’Éternel dit : qu’on lui ôte la couronne ! Tout va changer. Ce qui est abaissé sera exalté et ce qui est élevé sera abaissé. Je ferai des ruines et encore des ruines de Jérusalem comme jamais il n’y en a eu, et ce, jusqu’à ce que vienne celui à qui appartient le gouvernement et à qui je le remettrai (Ézéchiel 21.24-27 ; cp Genèse 49.10 ; Matthieu 3.2) ». A cause de la conduite ignoble des Israélites, la fureur de l’Éternel a été ravivée. C’est la fin de Sédécias, le très mauvais et dernier roi de Juda. C’est aussi la fin de la royauté en Israël jusqu’à ce que vienne le Messie à qui appartient le pouvoir et qui établira son règne sur toute la terre].

         La démonstration de Thibermesnil peut également correspondre à l’énigme de la VLC concernant la mystérieuse « résurrection ».

         Une des villes de l’Arcadie s’appelait Tégée. Cette cité aurait été créée par Tégéatès, l’un des cinquante fils mythiques de Lycaon. La seule fille de celui-ci, Kallisto, aurait enfanté Arkas, d’où l’Arcadie tiendrait son nom. T et G sont situées. Entre elles, l’Arcadie !

         « eT in aRcadia eGo ». Personne n’a jamais remarqué que les consonnes T et G étaient les premières et les dernières de la sentence. R montrée par le berger bleu sur le tableau de Nicolas Poussin sépare la phrase en deux fractions : 1/3 et 2/3. Le R prend la place de l’accent circonflexe au-dessus du O d’Hautpoul ainsi qu’il est convenu dans la prière : « Ô Marie conçue sans péché priez pour nous qui avons recours à vous ».

         Ensuite consultez la projection de la stèle de la tombe de la Marquise sur la carte IGN au chapitre : Solis Sacerdotibus.

         Ôpoul Périllos, n’est-ce pas Gélis.

         D’après les annales akashiques, l’abbé Gélis aurait extirpé de l’église de Périllos des documents prouvant la descendance du Christ et de Marie Madeleine …

         Ô pivot, comme dans la date inscrite sur la stèle de la Marquise de Blanchefort : MDCOLXXXI qui devient 1600 et 81, exactement ce que devient la date de mission 1891 lorsque le pilier wisigoth est remis à l’endroit !

         Que se passa-t-il en 1681 ?

         L’intégration de Strasbourg au royaume de France par Louis XIV et la restauration du catholicisme dans une ville convertie au protestantisme. Une mission poursuivie par les pères Lazaristes qui assistèrent l’abbé Saunière fin XIX ème siècle.

         « Tenet confidentiam ».

         A l’époque de l’abbé Bigou, le créateur de la stèle de la Marquise de Blanchefort, le livre de Boudet n’existait pas. Le T résultait du croisement de la longitude abaissée de l’église de Serres, la latitude s’étirait depuis le roc pointu (entre Blanchefort et Roco Négro) vers l’aiguille de « Lampos ». Pour le G, la référence était le « grenier » que surveillait la pierre levée des Pontils et cet endroit est au faîte de la maison, au sommet du Cardou. D’ailleurs Edmond Boudet lui donne comme altitude 79 G !

         La graphie du G évoque enfin autant le chiffre 6 symbole du « Pas sage » ou du secret, que la lettre « sigma » de l’alphabet grec (précédée par rhô (la connaissance) et suivie par tau (le calvaire)) dont l’initiale minuscule recouvre les mêmes significations.

         AL retrouve Miss Nelly Underdown ! La passagère du transatlantique.

         René Nelli était un poète occitan, philosophe et historien du catharisme …

         Miss Nelly le surprend en plein vol. Il est si honteux d’avoir été surpris deux fois par cette femme fascinante qu’il décide de restituer tous les biens dérobés.

         Under et down insistent sur la profondeur.

         « J’ai trouvé la rose… oubliée sans doute… Je l’ai gardée… »

         Examinons maintenant le formidable événement. Maurice Leblanc l’édite en 1921.

         Simon Dubosc, citoyen normand lambda (de basse roture) espère obtenir la main d’Isabel de Bakerfield, descendante de Georges III mais son Lord de père s’y oppose.

         Les amoureux s’enfuient sur le Reine Mary qui fait naufrage comme de nombreux autres navires, dans la Manche. Simon sauve Isabel mais les autres passagers disparaissent. Choquée, Isabel demande à Simon de prouver les plus hautes valeurs morales pour espérer la conquérir.

         « La navigation est interrompue sur la ligne ? ».

         Alors se produit un énorme cataclysme, le 4 juin jour de la Ste Clotilde, qui aboutit à l’émergence d’un isthme entre Dieppe et Hastings.

 

         Simon se lance dans son exploration en ignorant encore sa destination, fier de découvrir une terre vierge. Cet acte trouvera-t-il la grâce espérée tant auprès du père que de la fille ?

         Il atteint Hastings, fier d’être le deuxième normand à conquérir Albion.

         A peine arrivé, il apprend que les Bakerfield se sont aventurés dans la traversée en sens inverse.

         Il se lance à leur poursuite, aidé par la belle Dolorès et d’Antonio Œil de Lynx, deux figurants de spectacles « Far West ». Mais l’isthme de Normandie est devenu un vaste « No man’s land » où sévissent les pires truands de la terre à la solde du frère de l’ami de Simon, un dénommé Wilfred Rolleston qui a établi son campement sur l’épave du « Ville de Dunkerque » dans une arène cernée de palissades où il pleut de l’or !

         Rolleston a capturé Isabel, dont il veut faire sa femme et son père qui lui permet de faire du chantage sur elle.

         Simon et ses coéquipiers traversent la vallée des coquilles, se reposent dans « un palais primitif, enceinte de grosses pierres qui s’appuient les unes contre les autres et sur lesquelles étaient posée une dalle énorme.

         « Mollusques, lithophages, cette terre était habitée avant d’être envahie par l’océan » disait le père Calcaire, ancien professeur de géologie de Simon,

         « N’est-ce pas le renversement des idées reçues ? »

         La faille court des carrières de Longueville jusqu’à Rouen.

         Une cour entoure Wilfred comme un Roi Nègre et défend les pluies d’or crachées par les quatre cratères de l’arène contre les convoitises d’assiégeants que la mort ne rebute pas.

         Avec l’aide de l’indien Œil de Lynx, Simon libère Isabel et son père puis après l’arrivée de la cavalerie française dépêchée par Dolorès, il devient l’administrateur de ce nouveau territoire.

         Les amoureux se marient enfin et habite une modeste villa en bois contre la grotte de l’étang.

         N’est-ce pas magnifique ?

         Avec cette nouvelle, Maurice Leblanc nous entraîne dans le cromlech de Rennes les bains, domaine de l’abbé Boudet.

         Quel est donc ce formidable événement, véritable cataclysme qui révolutionne l’équilibre européen ?

         Est-ce cette « pluie d’or dans le diocèse d’Alet » dont parle « l’échotier » Jean Loret, un proche de Mlle de Longueville ?

         Est-ce la conversion du roi Mérovingien païen Clovis au catholicisme sur l’insistance de son épouse Ste Clotilde ?

         Ou est-ce plus simplement le conflit qui opposa de 1782 à 1789, le « frère Dubosc » au Marquis de Fleury de Blanchefort au sujet de l’exploitation du « Minier d’Ivry » au Roque Nègre en vue d’extraire de l’or ?

         Car le patronyme « Bakerfield » en langue « punique » évoque les miracles de Ste Germaine de Pibrac et Ste Roseline qui transformaient opportunément les pains destinés aux pauvres en roses pour préserver les généreuses donatrices.

         Et du champ de roses à la montagne fleurie, il n’y a qu’un pas à franchir, celui du Pas de la Roque qui mène de RLB à RLC, en passant par l’aven Pâris, où le haut relief du mur ouest exploite l’heureuse coïncidence.

         Le lien est d’autant plus évident, que la divine pluie se produit dans l’arène (à Rennes, enceinte de grosses pierres) où s’est échoué le navire « ville de Dunkerque », or la ville de Dunkerque se singularise par le fait de posséder sur la digue de son port de commerce la première borne de la Méridienne verte (Méridien 0).

         Simon est guidé par « l’indien » (autochtone) Antonio œil de Lynx. Autant dire St Antoine de Padoue dont la clairvoyance est implorée pour retrouver les objets perdus ! Et Dolorès ? C’est de l’or !

         Maurice Leblanc pousse même la plaisanterie plus loin.

         Il sait qu’il y a, à Rennes, quatre cratères cracheurs d’or.

         Et que dire de cette vallée des coquilles, lorsque Henri Boudet nous tient tout un laïus au sujet des « amas coquilliers » du Danemark …

        

         Des « KJOEKKEN-MOEDDINGS » ou « rebuts de repas », Alain Sipra a tiré l’anagramme « coquins de moines à bures de trépas » pour prouver l’adhésion avant-gardiste de l’abbé Boudet aux idées des chantres du catharisme, « ces pays », Déodat Roché, depuis le village d’Arques et Antonin Gadal à Ornolac-Ussat les bains.

         Quant à Wilfred Rolleston, nous retrouvons dans ce patronyme un prénom wisigoth bien connu, « Guifré ». Et Rolleston est la pierre qui roule, que Boudet nomme « roulers » mais qui peut évoquer également la « pierre roulée » d’un certain tombeau lié à la résurrection, qui permit l’évacuation de la dépouille mortelle d’un homme-Dieu ainsi que le raconte la composition de la quatorzième station du chemin de croix de RLC !

 

         Pour en finir, nous retrouvons dans ce formidable événement le renvoi voilé vers Tégée car le nouvel « isthme de Normandie » relie Dieppe en passant par la ville de Dunkerque (Méridien 0, T) à Hastings où sévit la bataille victorieuse menée par Guillaume le conquérant.

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